Fabio SCOTTO

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da PIUME / PLUMES / FEDERN

L’ULYSSE SEVILLAN
Je remonte
avec les feuilles
le long des branches
sur la tête un vieux chapeau sévillan
Je n’ai cure du jour qui raccourcit
j’aime les géographies de ta main

Sors
tendresse à la dynamite
courroux d’amants entrelacés
Je parie que tu es fille de la brise
aussi plus je te hais plus tu me plais

Au-delà des portes étroites
au-delà de la mer
ennuagés d’un frais blanc d’oeuf

Je suis neuf
dans la quille
Ulysse, tu vois
Immobile sur mon lit
Et pourtant je tourne

DELOS
Je ne veux pas d’autre secours que celui-là: vous parler.

Gide, L’immoraliste
Elle surgit de la mer,
antique don
de marbres soutenant le sable
Des vagues la secouent
dans un calme blanc
sel sur le rêve de Cléopâtre

Tu montes vers le soleil
poussé par Dionysos
sur le mont Cynthos
imprenable
comme mon cœur
Au loin les moulins de Mykonos
inventent le vent
qui nous ôte la vue

Dans ce rien
je respire le temps
moqué par les goélands
Je voudrais te parler
sans parler
comme le vent
depuis toujours
sur mes mains
Mykonos, le 22 août 1986
(tu demandes un jus d’orange
et on t’apporte une orangeade…)

PAROS
La lumière nous aveugle
en sifflant
sur d’âpres roches en rang
à perte de vue
Tu l’entends gémir
à coups de coude
dans le hurlement du meltémi à Parikia

Suspendue entre deux rêves Paros chante
dans le blanc scintillant des maisons
Légère comme le cœur d’un papillon
surprise de nous voir revenir

Je marche sur mes pas
en flottant
blessé de toutes les guerres
je défie la mer

Tu es ici Nausicaa
de cette terre…
au temps de l’hibiscus enchanteur

La nuit
vénitienne
se délite
Naoussa est un autre rêve
un autre gîte

ANTIPAROS
Le soleil droit sur la tête était un glaive
ce midi lent d’ouzo et de sommeil
——–Des ruelles poussiéreuses
—————–des enfants pieds nus
————————aux yeux vifs
————————————-peut-être la Bolivie

Antiparos assise sur la mer
de saphirs
————en bas au fond
——————————prisonnière
se prélassait au soleil
————————-comme un cœur
———hautaine de craie blanche
———————dans la lumière

Là-bas les quilles rugueuses
———–de marbre
———————–cherchent le vent
d’Afrique
————-les gemmes

Un calme religieux tout autour

———————Mais bientôt les chiens aboieront
————————————————————-de soif

NAXOS
À l’ombre des oliviers
comme une fleur
de terre rouge le ventre
de Byzance
Je respire en sirotant
sans amour
du cidre
je ne l’aime guère

Le jour pèse sur moi
c’est ma croix
Je la porte comme un vieillard son éventail

Je t’ai connu à Naxos
mon amour
Et plus je te cherche
plus tu t’éloignes

LE SABLIER DE RHODES
Aux enfers
depuis hier
avec transport
à Rhodes
Je rêve de Nembo Kid mangé par les voleurs
caresses et sons, voilà ta gifle
Seul
et non seulement homme d’aujourd’hui
Sapho aux petits pieds
de geisha

Je cache aux yeux les lueurs
je croque les lunes
prince du cosmos dans un fauteuil
sans plus de velours
au bout du monde

Embrasse-moi sans bouche
je t’entendrai sans oreilles
sans corps férir
regarde-moi des yeux
sourire bleu

Je suis le rêve du rêve
ton sablier anémique
qui coule

LE MARAIS
Un bien-être si actif qu’il était presque une joie emplissait le marcheur…

… Une totale liberté naissait du départ.
Marguerite Yourcenar, L’Oeuvre au Noir.
I
On allait à quatre
ou cinq
en file indienne
l’été
les genoux déjà écorchés
La route à un bon moment

—————r
———u
f
bi
q
———u
—————a
——————i
———————t

je ne me rappelle pas
quel chemin nous prenions

II
Les téméraires devant
les autres derrière
les chaussures de tennis
les billes
Quelqu’un rentrait avant
des cicatrices déjà aux genoux

III
Tout à coup ce sentier se rétrécissait
jusqu’à un petit pont tremblant;
après, du feuillage plus épais
une ombre
un fossé
le pied grinçait au premier pas
la peur
dans ce battement de cœur
à cacher
à oublier
sous la chemise

IV
Un marais blanc
dans un c a l m e
sans vent
ou peut-être jaune, gris
changeant sous les yeux
comme le temps
Il n’y avait pas de martien
ni de monstre
ni de tigre du Bengale
de croquemitaine non plus
(il vivait dans la soupente
sous l’escalier)

V
Pourtant il remuait
comme la polenta
boue chimique de la lagune
«N’y va pas
car si tu tombes à l’eau…»
une voix semblait nous appeler
d’e n
——-b a s
au fond
sortie d’une tête brune

VI
Les bêtises les plus imprudentes
au fil de l’eau
quelqu’un étalait déjà des cigarettes
entre des dents branlantes
et musc et laiton
et dieu et démon
prêts à basculer
dans les limbes des disputes

VII
Que tu as pleuré
combien de temps je ne sais
tellement que tes taches de son
semblaient plus brunes
que le marais même
que les brumes
Sur nos têtes l’orage menaçait
Angera était derrière nous
un minaret
la vallée sans issue du secret
prince des gentianes

VIII
Nous en sommes revenus
peut-être
quand notre nez s’était refroidi
à six heures, premières gouttes de pluie
vu que de toute façon
on recevrait des gifles
autant valait se tremper
jusqu’aux os
du secret
des images dans les poches
et un escargot moche
gros comme ça
pour faire peur
——————-aux gamines

LES PAS LENTEMENT DES ESCALIERS
Les pas lentement des escaliers
l’odeur de renfermé en gériatrie
Le silence dans la chambre
lits parallèles
la canule dans la gorge
le soleil
dehors
maintenant qu’il n’y a plus de loterie
«Alda t’a écrit,
elle dit qu’elle va bien…»
– et la jeune infirmière rougissait
en cherchant la fièvre sous les draps.

Tu vis là maintenant
si c’est vivre
après ce brusque saut
l’eau de Javel peut-être
et le cri de peur des voisins
(J’avais cinq ans
tu me regardais
jouer entre les ombres des jardins).

Maintenant il n’y a que des mains qui râlent
tes yeux fermés
éperdument bleus
Nous demeurons
juillet compte tes derniers soupirs
Tu ne parles plus
tu n’appelles plus
La mort mourra mais tu restes avec nous.
Traduction en français par l’Auteur

DER ODYSSEUS VON SEVILLA
Mit den Blättern
steige ich von neuem
im Geäst
auf dem Kopf einen schäbigen Hut aus Sevilla
scher mich nicht um die kürzer werdenden Tage
liebe die Landschaften deiner Hand

Komm heraus
Sprengstoff der Zärtlichkeit
Groll der umschlungenen Verliebten
Ich wette du bist eine Tochter der Brise
je mehr ich dich hasse desto mehr gefällst du mir

Jenseits der engen Tore
jenseits des Meeres
eingehüllt in frisches Eiweiß

Neu bin ich
im Kiel
Schau nur, Odysseus
Reglos lieg ich auf dem Bett
Und doch beweg ich mich

DELOS
Ich will keine andere Hilfe als die, mit Ihnen sprechen zu dürfen.

Gide, Der Immoralist.
Sie taucht aus dem Meer empor
klassisches Geschenk
aus Marmor, stützend den Sand
Wellen bewegen sie heftig
in weißer Stille
Salz auf Kleopatras Traum

Du steigst zur Sonne auf
von Dionysos getrieben
auf den Cinzio
der wie mein Herz
uneinnehmbar ist
Fern die Mühlen von Mykene
beim Erfinden des Windes
der uns die Sicht nimmt

Ich atme die Zeit
in diesem Nichts
von den Möwen verhöhnt
Ich möchte mit dir sprechen
ohne zu sprechen
wie der Wind
auf diesen Händen
es immer schon tut
Mikene, 22.8.1986
(du verlangst einen Orangensaft
und sie bringen dir eine Orangeade…)

PAROS
Licht blendet uns
zischend
an rauhen
endlos aufgereihten Felsen
Du hörst es heulen
kauernd
im Schrei des Meltemi in Parikia

Zwischen zwei Träumen hängend singt Paros
im glitzernden Weiß der Häuser
So leicht wie ein Schmetterlingsherz
von unser Rückkehr überrascht

Ich folge meinen Spuren
schwimmend
von jedem Krieg verwundet
trotz ich dem Meer

Hier bist du, Nausikaa
entstammst dieser Erde…
in zauberischer Hibiskuszeit

Die Nacht sinkt Stück für Stück herab
venezianisch
Naoussa ist ein weiterer Traum
eine wietere Höhle

ANTIPAROS
Die Sonne senkrecht aufs Haupt war ein Schwert
von Ouzo und Schläfrigkeit träge der Mittag
———Staubige Gassen
—————–Kinder barfuß
———————–mit flinken Augen
————————————–vielleicht Bolivien

Antiparos ruhte auf dem Meer
aus Saphir
————–gefangengehalten
————————————tief unten am Grund
aalte sich in der Hitze
————————–wie ein Herz
stolze weiße Gipsfigur
————im Licht

Weiter drüben die groben Kiele
————-aus Marmor
————————–den Wind
aus Afrika suchend
————————-die Edelsteine

Rundum andächtige Stille

——-Bald jedoch werden die Hunde bellen
——————————————————von Durst

NAXOS
Im Schatten der Olivenbäume
wie eine Blume
von roter Erde der Bauch
aus Byzanz
Ich rieche und trinke in Kleinen Zügen
lieblos
den Obstwein
er will mir nicht recht schmecken

Der Tag lastet auf mir
mein Kreuz
Ich trag es wie ein alter Mann seinen Fächer

Ich hab dich in Naxos kennengelernt
süße Liebe
Je mehr ich dich suche
umso ferner bist du mir

DIE SANDUHR VON RHODOS
Im Hades
seit gestern
mit Überführung
nach Rhodos
Ich träum von Nembo Kid, den die Räuber verschlangen
in einem Schlag von dir vereint, Liebkosungen und Töne
Allein
und nicht nur Mensch von heute
Sappho mit den kleinen Füßen
einer Geisha

Die Lichter verberg ich vor den Augen
den Mondschein beiß ich an
Fürst der Welt im Sessel
der seinen Samt verloren hat
am Ende der Welt

Küß mich ohne Mund
ich werd dich ohne Ohren hören
ohne Verletzung
Schau mich an
mit dem blauen Lächeln deiner Augen

Ich bin der Traum des Traums
deine blutarme Sanduhr
die sandet

DAS MOOR
So lebhaftes Wohlbefinden, daß es fast der Freude gleichkam, erfüllte den Wanderer…

… Der Aufbruch schenkte vollkommene Freiheit.
Marguerite Yourcenar
I
Wir gingen zu viert
oder fünft
hintereinander
sommers
die Knie schon zerschrammt
An einer Stelle
———l
——e
gab
——t
———e
sich die Straße
ich weiß nicht mehr
welche Richtung wir einschlugen

II
Vorne die Draufgänger
die andern hinterher
Turnschuhe
Murmeln
Irgendwann machte der erste kehrt
und schon Narben an den Knien

III
Auf einmal wurde der Pfad enger
bis zu einer kleinen halb verfallenen Brücke;
dann dichteres Astwerk
ein Schatten
ein Graben
dieses Geräusch gleich beim ersten Schritt
Angst
Herzklopfen
nichts davon sagen
nur ja vergessen
unterm Baumwollhemd

IV
Weißes Moor
in tiefer S t i l l e
ohne einen Windhauch
oder gelb vielleicht, grau
sich unterm Blick verändernd
wie das Wetter
Da war kein Marsmensch
kein Ungeheuer
kein bengalischer Tiger
und nicht der Schwarze Mann
(derr lebte im Treppenverschlag)

V
Und doch bewegte es sich
wie Polenta
chemische Lagune
«Geh nicht dahin,
denn wenn du da hineinfällst…»
es schien als locke einen
von
——u n t e n
vom Grund her
ein brauner Kopf

VI
Am Wasser
die unbesonnensten Spiele
jemand prahlte schon mit Zigaretten
zwischen wackelnden Zähnen
und Blech und Bisam
und Gott und Teufel
in der Schwebe
im Zwischereich der Streitigkeiten

VII
Du weintest
ich weiß nicht wie lang
bis deine Sommersprossen
dunkler schienen
als selbst das Moor
als die Wolke
Über unseren Köpfen drohte ein Gewitter
Angera lag hinter uns
ein Minarett
der Talkessel des Geheimnisses
Fürst des Enzians

VIII
Wir kehrten zurück
vielleicht
fror uns schon an den Nasenspitzen
die ersten Regentropfen fielen um sechs
die Ohrfeigen
waren uns sowieso schon sicher
Warum nicht auch noch naß werden
bis aufs Mark
des Geheimnisses
kleine Figuren in der Tasche
und eine dunkle Schnecke
so dick
um den Mädchen
———————-Angst zu machen

DIE SCHRITTE LANGSAM VON DER TREPPE HER
Die Schritte langsam von der Treppe her
der dumpfige Geruch des Altersheims
Das stille Zimmer
Betten parallel zueinander
das Röhrchen in der Kehle
die Sonne
draußen
jetzt wo es keine Lotterie mehr gibt
«Alda hat dir geschrieben,
sie sagt, es geht ihr gut…»
– und die junge Krankenschwester errötete
unter den Tüchern das Fieber suchend.

Hier lebst du nun
wenn das Leben ist
nach jenem jähen Sprung
Bleichlauge vielleicht
und dem erschrockenen Schrei der Nachbarn
(Ich war fünf Jahre alt
du schautest mir beim Spielen zu
zwischen den Schatten der Gärten).

Jetzt sind da nur noch röchelnde Hände
geschlossene Augen
hoffnungslos blau
Wir verweilen
der Juli zählt deine Atemzüge
Und du sprichst nicht mehr
rufst nicht mehr
Der Tod wird sterben aber du bleibst.
Übersetzung ins Deutsche: Rüdiger Fischer

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